M COMME MOISISSURE
Moldy or burnt paper, graphite, oil, hair, stains of welder, glue, old frame, 2005-2003
Often engravers require that printing paper be in neutral PH, including in the case of tissue paper, blot and passe-partout, etc. It only takes a single stain of mold to be thrown away for fear of proliferation. This gave me the idea of recovering the moldy or yellowed papers, which serve me precisely as research supports. The choice of the frame damaged by time dialogues with the drawing. I try to recreate a correspondence between the effect of time, the spread of a virus and the aging of human organs.
Moldy or burnt paper, graphite, oil, hair, stains of welder, glue, old frame, 2005-2003
Often engravers require that printing paper be in neutral PH, including in the case of tissue paper, blot and passe-partout, etc. It only takes a single stain of mold to be thrown away for fear of proliferation. This gave me the idea of recovering the moldy or yellowed papers, which serve me precisely as research supports. The choice of the frame damaged by time dialogues with the drawing. I try to recreate a correspondence between the effect of time, the spread of a virus and the aging of human organs.
Solo Exhibition at Espace Mezzara - Guimard, Paris, France, 2005
Hélène BONAFOUS-MURAT
marchand et expert en estampes
extrait de l'interview
LE JOURNAL DES ARTS
no. 225 / du 18 novembre au 1 décembre 2005
2) Quels sont vos derniers coups de cœur artistiques (antiquaire, galerie, ventes publiques, foire, salon ou chez un collectionneur mais pas dans un musée)? Ca peut être aussi un achat personnel. Et pas exclusivement dans votre domaine.
Mon dernier coups de cœur, qui remonte à un mois : l'exposition d'une jeune femme taïwanaise, Mei-Tsen Chen, que je connaissais comme la compagne d'un graveur que nous suivons et exposons par ailleurs chez nous, rue de l'Echaudé. Je n'avais jamais vu son travail à elle, et cette exposition au petit Musée Guimard m'a subjuguée : d'abord à cause de l'harmonie rare entre le lieu et les œuvres qu'on aurait dites faites exactement pour lui. Je pense à une photographie monumentale de mousses dans les sous-bois de Meudon, longue de plusieurs mètres et qui épousait parfaitement la forme de la pièce en arc-en-cercle, tout en s'ouvrant sur le jardin du Musée, dont on aurait dit qu'il la prolongeait.
Le côté évolution sourde et organique de la vie en était le motif principal, à la fois évident et discret comme son sujet. Puis j'ai eu la même sensation devant les dessins-collages qui étaient présentés - des dessins au pointillé d'organes humains (cœur, cerveau, crâne) sur des papiers épais et cotonneux, avec des effets de veinures laissés par la colle déposée en sillons, en réseau ; des effets de brûlure du papier qui n'avaient rien d'artificiel, mais au contraire soulignaient la fragilité de toute chose ; l'inclusion dans une œuvre des cheveux de l'artiste comme un motif décoratif raffiné, mais qui là aussi laissait une trace plus profonde que ludique. Il y avait aussi des dessins étonnants produits par la prolifération contrôlée de moisissures sur la feuille, oubliée un moment dans l'humidité d'une cave du Jura !
Les œuvres, peu nombreuses, étaient toutes prolongées par des cadres anciens très choisis, qui leur donnaient une vie organique supplémentaire, et qui là aussi se prolongeaient dans les moulures et les motifs de Guimard, comme si le lieu était un grand corps qui les incluait - qui incluait aussi le spectateur. J'ai presque mauvais conscience à faire un discours intellectuel sur cette exposition qui m'a laissé une émotion très vive, et qui touche, avec une grande finesse, sans prétention ni pose artistique, à l'essentiel de la vie et de la mort, à ce qu'il y a d'ancestral et de plus ou moins enfoui en nous-même.